Les parcs éoliens offshore, futures mines d'or de l'énergie allemande
Par Klaus GEIGER
BERLIN (AFP) - La première chose que faisaient les chercheurs d'or, c'était de délimiter leur concession, pour assurer que le métal précieux leur reviendrait à eux seuls. Depuis quelques années il y a aussi des concessions près des côtes allemandes: les parcs éoliens offshore.
Le "claim", c'est le nom donné à toutes les parcelles en Mer du Nord et Mer Baltique sur lesquelles des éoliennes offshore pourront être bâties. Ces parcelles, la plupart du temps réservées par de petites entreprises, peuvent alors se transformer en mine d'or. L'énergie éolienne est en effet un pilier de la politique de protection de l'environnement du gouvernement fédéral allemand. Et les grands groupes énergétiques, qui sont les seuls à avoir les moyens financiers pour réaliser ces projets gigantesques, se ruent alors sur ces parcelles. Ainsi aura peut-être enfin lieu l'éclosion tant attendu de l'énergie offshore. "La demande pour ce genre de projets est très grande, et cela peut devenir très lucratif pour les petites entreprises", explique le directeur de l'agence de l'énergie allemande Stephan Kohler. Et de citer comme exemple le géant de l'énergie Vatenfall, qui a récemment acheté à la petite entreprise pour l'énergie et l'écologie (GEO) une grande parcelle à 70 km au large de l'île de Sylt, où 800 megawatt pourront être produites. Le numéro un allemand de l'énergie EON a quant à lui déjà fait l'acquisition de quatre parcelles en Mers du Nord et Baltique. C'est que l'Allemagne, longtemps à la traîne dans le domaine des éoliennes offshore, s'est lancé un défi de taille: produire d'ici 2020 -comme en ont décidé les Vingt-sept de l'Union européenne-- 20% de son énergie grâce aux énergies renouvelables. Une chance pour l'éolien en mer, où le vent souffle plus fort et où les turbines ne dérangent personne. Mais avant de s'implanter, il faut trouver le terrain, un travail délégué à de nombreuses petites entreprises, comme WPD, leader dans le financement et l'installation de parcs éoliens. Et ce n'est pas si simple: il ne faut pas être trop proche des côtes, qui sont souvent des zones naturelles protégées, ni trop loin, où la mer est trop profonde. Et une fois que l'endroit adéquat a été trouvé, il reste encore deux ans de travail à le parcourir sans cesse en bâteau, à analyser les trajectoires de vol des oiseaux migrateurs ou à compter le nombre de marsouins, explique Christian Schnibbe de WPD. Malgré toutes ces difficultés, les autorités ont déjà accordé des autorisations pour l'installation de 24.000 MW en mer, alors que 10.000 sont suffisantes pour atteindre les objectifs fixés à l'horizon 2020. Le processus prendra de toutes façons plus de temps que prévu: il manque en effet... les éoliennes. "Actuellement les fabricants peuvent créer d'énormes fermes à vent en Chine ou aux USA" sur la terre ferme pour des coûts moindres, explique Matthias Hochstätter de la fédération des énergies éoliennes. De même, en Allemagne les vieux parcs sont modernisés, et il est possible de remplacer vingt anciennes éoliennes par deux ou trois plus modernes. L'Allemagne reste encore à la traîne de l'énergie offshore, contrairement au Danemark ou au Royaume-Uni, qui bénéficient eux de conditions naturelles plus propices. Une nouvelle loi, qui aide financièrement toute installation d'éolienne offshore avant 2011, devrait donner un coup de pouce au secteur. Une parcelle test, exploitée conjointement par le gouvernement fédéral et les fournisseurs d'énergie, devrait enclencher le mouvement. "Nous pensons que les premiers grands parcs offshore de 500 MW entreront en service d'ici 2010", explique M. Kohler de l'Agence allemande de l'énergie. Et c'est à ce moment que les petites parcelles au large des côtes pourront se transformer en mine d'or.