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World News And Tendencies
14 juin 2007

Comment peut-on laisser un homme armé entrer dans un tribunal?

Condamné pour viol, un homme se suicide par arme à feu au moment du verdict

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LAON (AFP) - Un homme de 68 ans s'est tiré une balle dans le coeur en pleine cour d'assises à Laon (Aisne) dans la nuit de mercredi à jeudi, au moment du verdict le condamnant à 12 ans de réclusion criminelle pour viol sur mineures, un drame qui relance la polémique sur la sécurité dans les tribunaux.

L'homme, un ancien steward, comparaissait libre devant la cour d'assises de l'Aisne mais avait déjà effectué 18 mois de détention provisoire dans le cadre de l'affaire pour laquelle il était jugé. Les faits remontent au milieu des années 80 et avaient été dénoncés 16 ans après par les deux victimes, sa fille et une nièce.

La cour d'assises s'était retirée peu après minuit pour délibérer. C'est au moment de l'énoncé du verdict, vers 03H30, que l'accusé, sans dire un mot, a ouvert une sacoche posée à ses pieds, en a sorti une arme de gros calibre, puis s'est tiré une balle en plein coeur, avant de s'écrouler.

L'arme contenait 6 cartouches, selon les premiers éléments de l'enquête.

Selon des experts psychiatres et psychologues qui l'avaient examiné, l'homme avait "une personnalité perturbée".

Dans la sacoche où se trouvait l'arme, les enquêteurs ont aussi retrouvé son "testament", ce qui semblerait indiquer que l'homme avait prémédité son geste.

La police judiciaire menait l'enquête jeudi matin dans l'enceinte du palais de justice, et des policiers barraient le passage vers la salle de la cour d'assises, a constaté un correspondant de l'AFP.

La ministre de la Justice, Rachida Dati, "informée cette nuit du très grave incident qui s'est produit à la cour d'assises de Laon (..) a immédiatement demandé à l'inspecteur général des services judiciaires de se rendre aussitôt sur les lieux", a indiqué jeudi matin la Chancellerie.

Il s'agira pour l'inspection interne "de déterminer les conditions dans lesquelles un accusé a pu pénétrer avec une arme dans l'enceinte de la cour d'assises malgré la présence d'un portique de sécurité en état de marche", a-t-on précisé au ministère de la Justice.

Parallèlement, une enquête administrative a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), pour "faire toute la lumière sur les dysfonctionnements matériels ou humains ayant permis à un prévenu, qui comparaissait libre, de disposer d'une arme dans l'enceinte de la cour d'assises de Laon", a indiqué le ministère de l'Intérieur.

L'entrée du palais de justice de Laon est d'ordinaire surveillée par un policier mais les fouilles n'y sont pas habituelles.

Ce drame survient alors que la Chancellerie a décidé vendredi dernier le "déblocage immédiat" de 20 millions d'euros pour la sécurisation des tribunaux, après l'agression d'un magistrat au tribunal de Metz, le 5 juin.

"Sous réserve de connaître les faits précisément, cela ne fait que confirmer l'audit de sécurité et le plan de sécurisation des tribunaux que nous réclamons", a déclaré à l'AFP jeudi le président du premier syndicat de magistrats, l'Union syndicale des magistrats (USM), Bruno Thouzellier.

"On n'a cessé de dire depuis des années que des gens allaient rentrer dans un tribunal avec une arme. C'est déjà dramatique en soi qu'un homme ait pu se suicider mais les conséquences auraient pu être encore plus dramatiques", a ajouté le président de l'USM. Il a appelé de ses voeux "une réflexion sérieuse sur la sécurité des tribunaux, qui sont par définition les endroits les plus exposés qui soit".
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