Police tueuse d'enfants!

Marseille: l'adolescent de 14 ans fauché par une voiture de police a succombé à ses blessures

MARSEILLE (AP) - Nelson, l'adolescent de 14 ans plongé depuis dimanche matin dans un "coma cérébral avancé" après avoir été percuté par un véhicule de police, a succombé à ses blessures dans la soirée à l'hôpital Nord, a-t-on appris auprès d'un porte-parole de l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) peu avant 23h.

Un certificat médical attestant du décès a été établi par les médecins qui le suivaient depuis vingt-quatre heures.

La victime avait été violemment heurtée par une voiture de police samedi en début d'après-midi, sur un passage piéton, alors que le feu était au rouge pour les véhicules. L'adolescent avait été projeté à plus de vingt mètres du point d'impact. Depuis, les médecins faisaient état d'un "pronostic vital engagé".

La garde à vue du conducteur du véhicule de police a été prolongée dans la soirée, a-t-on appris dimanche de source judiciaire. Le parquet de Marseille décidera lundi, à l'issue de la garde à vue, quelle suite il entend donner à cette affaire.

L'auteur de l'accident, qui a franchi le feu rouge à vive allure, est un policier stagiaire de 22 ans, qui était affecté au commissariat du quinzième arrondissement. Il conduisait un collègue policier qui devait prendre une relève de garde de détenu à l'hôpital Nord. Le test d'alcoolémie du conducteur s'est révélé négatif.

Le préfet des Bouches-du-Rhône par intérim, Bernard Squarcini, s'est rendu dimanche matin à l'hôpital Nord au chevet de la victime, accompagné de Pierre Carton, le directeur départemental de la sécurité publique. Il a assuré au père de l'adolescent que "tout serait fait pour établir la vérité".

"S'ils (les policiers) sont dans leur tort, il y aura des sanctions", a pour sa part déclaré la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie dimanche en fin d'après-midi sur Europe 1. Elle a expliqué qu'elle avait "demandé à ce qu'il y ait immédiatement une enquête" de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), parallèlement aux investigations judiciaires.

"Il y a des témoignages contradictoires": "est-ce que le véhicule est passé au rouge", "est-ce qu'il allait trop vite?", "est-ce qu'il a utilisé ou est-ce qu'il n'a pas utilisé le gyrophare?", a-t-elle demandé. "Pour l'instant, je ne sais pas et je ne prendrai pas de décision avant d'avoir une certitude", a ajouté Mme Alliot-Marie, soulignant qu'"en général, les enquêtes demandent de l'ordre d'une quinzaine de jours au maximum".

Outre l'enquête judiciaire ordonnée par le parquet de Marseille, une enquête interne a été ouverte et confiée à l'IGPN, a confirmé la préfecture des Bouches-du-Rhône dans un communiqué. Les bandes d'enregistrement des conversations entre le poste de commandement radio et la patrouille ont été saisies. Le vélo de la victime, ainsi qu'une de ses chaussures, ont été placés sous scellés.

Plus de vingt témoins ont d'ores et déjà été entendus par la Sûreté départementale de Marseille. Les fonctionnaires qui se trouvaient dans le véhicule de police ont assuré qu'ils avaient bien utilisé le gyrophare, ce qui est contredit par certains témoins. En revanche, toutes les dépositions concordent sur l'absence d'utilisation de la sirène. "C'est avec beaucoup d'inquiétude et d'angoisse que j'ai appris le tragique accident de la circulation survenu ce samedi à un jeune Marseillais qui a plongé sa famille dans la tristesse et le désespoir", a déploré le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin.